La Coupe nationale de Guinée de basketball est actuellement en cours au Palais des Sports du 28 septembre de Conakry. 28 équipes dont 12 féminines sont engagées dans la course. La rédaction de guinee7.com a rencontré Hamidou Barry « Malcolm », l’entraîneur de l’équipe régionale de Mamou qui a fait sensation durant ce tournoi. Avec lui, nous avons passé en revue sa participation ainsi que la pratique de cette discipline dans la ville carrefour.
Coach Hamidou Barry « Malcolm », avec quel objectif vous avez pris part à la Coupe Nationale de Guinée, disputée au Palais des Sports de Conakry ?
Si vous avez constaté, ça faisait presque onze ans, qu’il n’y a pas eu de Coupe Nationale ou de championnat en Guinée, là où toute la Guinée a participé. Donc, Mamou a été saisi de l’information. Ils ont invité la ligue. La ligue finalement a pu présenter une équipe, malgré que le temps était court par rapport aux préparatifs. Donc, on était venu dans l’objectif de remporter la coupe. Ce n’était pas de venir participer seulement mais, de venir et remporter la coupe. Mais malheureusement, on a été éliminé hier en quart de finale contre une équipe (Jorfof ndlr ) qui a des bons entraîneurs et qui a eu des solutions par rapport à la situation, plus que nous. Parce que si vous avez constaté, il fut un temps où, on nous prenait 22 points d’écarts, donc on est remonté jusqu’à 5 points. Les entraîneurs ont pu mettre une stratégie qui nous a empêché d’évoluer. Ils ont remonté encore le score.
C’est l’une des équipes de la compétition qui a fait sensation, qui a bluffé plus d’un au niveau du parquet de Dixinn. Cela fait forcément plaisir ?
Absolument ! Comme je vous l’ai dit, on a fait un entraînement pour préparer une Coupe Nationale pendant un mois donc pas suffisamment de temps. Ce n’est pas facile pendant que tu viens trouver des équipes qui ont fait des années ensemble, avec des entraîneurs de haut niveau. Si vous constatez l’équipe qui nous a battue, l’entraîneur est national. C’est lui qui entraîne l’équipe nationale. La majeure partie des joueurs du club sont des joueurs de l’équipe nationale et de l’équipe nationale junior. Déjà, nos enfants s’entraînent selon les moyens, selon nos connaissances. Du coup, on a travaillé, on est venu. Alhamdoulilah, vous-même, vous avez apprécié la prestation. Parce qu’il ne revient pas à nous d’apprécier ce que nous faisons. Mais au public, au début, on prenait l’équipe de Mamou comme si c’était une équipe qui est venue du village et qu’on ne pouvait rien faire. Mais pratiquement, le premier match, les gens ont compris que le basket ne se joue pas seulement à Conakry. Le deuxième match, c’est pourquoi ils ont ramené le match à 21h (qui a démarré finalement à 23 heures NDLR). C’était pour pouvoir maintenir le public afin que les gens puissent venir regarder le match. Ça s’est très bien passé. Bien que ça n’a pas été facile, nous avons été éliminés.
Il y a des individualités qui se dégagent au sein de cette équipe. À l’image de Youssef Milimono, qui a été MVP lors de la première sortie de Mamou, quelle est la suite pour ces garçons ?
La suite est très bonne, parce que ça promet. On n’a pas décidé d’arrêter. On a décidé de partir encore continuer, parce qu’il y aura le championnat qui va se jouer. Sûrement, c’est la même équipe qui viendra ou peut-être qu’elle sera renforcée. En tout cas, il n’y aura pas de manquants dedans.
Mais ce qui reste clair, nous allons retourner encore, tirer les leçons de ce qui s’est passé et voir réellement comment on travaille. Vous avez vu le premier match, la façon dont ils s’attendaient à l’équipe, ce n’est pas ce qu’ils ont vu. Youssef a été MVP et le deuxième match, l’équipe adversaire avait un objectif, c’était de neutraliser, non seulement Youssef, mais aussi tous nos joueurs surtout les meilleurs. Donc, ils ont pu tenir. C’est en première mi-temps qu’on a beaucoup pris l’écart de 22 points. Finalement, c’était très difficile. Mais malgré tout, on a pu surmonter. Ce qui reste clair, nous allons repartir travailler. Pour se préparer pour les compétitions futures.
En terme d’accompagnement, qu’est-ce que les autorités de Mamou vous ont apporté pour cette compétition ?
Pratiquement, il n’y a pas eu d’assistance au niveau de toutes les autorités de Mamou. Sauf que le gouvernorat avait promis qu’ils allaient réagir. À part eux, il y a eu une lenteur au niveau des encadreurs de la Ligue qui n’ont pas déposé de courrier de demande d’assistance au niveau des autorités. Mais au niveau de Conakry, il y a eu des ressortissants de Mamou qui nous ont beaucoup accompagnés. Le voyage, c’est la Ligue qui a déplacé l’équipe. Actuellement, c’est eux qui ont mis l’argent dedans. Il y a une commission à Mamou qui a pu contribuer pour pouvoir réellement faciliter le déplacement.
Cette page de la Coupe Nationale est tournée. Vous rentrez maintenant, dites nous comment se porte le basket aujourd’hui dans la ville carrefour ?
Le basketball à Mamou se porte très bien. Par exemple, si vous regardez les grands clubs de Conakry, tous ne possèdent que des joueurs et joueuses de Mamou. Je ne sais pas si on peut dire que c’est le grenier du basketball de la Guinée. Parce que chaque année, nous perdons en ressources des personnes qu’on entraîne. Au moment où on dit réellement que la personne est au bon niveau c’est là que la personne, soit elle a le bac et vient à Conakry, ou bien elle est transférée et vient à Conakry. Par contre, le basketball ne bénéficie rien de ces gens-là. Ils viennent, ils jouent et quand on dit que Mamou vient jouer, ils jouent encore contre Mamou. Donc c’est vraiment des difficultés qu’on a. Par exemple, quand vous prenez Youssouf, qui était MVP, il y a des clubs qui l’avaient demandé de venir jouer pour eux, mais il a refusé. Quand vous prenez Hassane, il étudie à Gamal et il pouvait jouer pour Gamal, mais il a décidé de jouer pour Mamou. Il y en a plein, ça ne finit pas. Mais ce qui reste clair, nous allons continuer à travailler, à former les jeunes, parce que c’est ce qu’on s’est fixé comme objectif et voir maintenant comment mettre des limites par rapport à tout ce qui va se passer, en commun accord avec la Fédération.
Il y a le championnat en vue. Qu’est-ce que vous allez faire pour amener ces autorités à tous les niveaux à réagir et accompagner cette équipe pour la suite ?
Bon, je crois que c’est encore d’aller vers eux. Il faut leur faire comprendre que les équipes, c’est pour elles (les autorités NDLR). Quand on dit une équipe préfectorale, c’est pour la préfecture. Une équipe communale, c’est pour la commune. Une équipe régionale, c’est pour la région mais c’est aussi pour tout Mamou. Donc dans les conditions normales, les autorités doivent accompagner, mais c’est si les autorités sont informées (…) Mais j’en suis sûr que beaucoup pouvaient contribuer. Parce que le gouvenorat était prêt, ils avaient promis, mais s’est tombé sur un week-end. Donc pratiquement, il faut que les gens qui gèrent ces disciplines puissent aller vers les autorités pour informer, ce qui prévaut. Et s’il y a besoin de sortir pour une compétition, même si les moyens permettent que les gens là contribue avant que quelqu’un d’autre puisse mettre son argent dedans. Parce que c’est aussi leur devoir.
L’appel que vous avez lancé aujourd’hui pour le bien de cette équipe ?
C’est encore d’accompagner cette ville. Parce qu’en fait, je ne veux pas dire d’accompagner les jeunes de la ville, mais d’accompagner cette ville. Parce que les jeunes viennent au nom de la ville. Quand vous constatez, juste le transport d’une équipe de Mamou, ça fait 3 millions uniquement pour le transport. Si c’était avec deux équipes, on était venus, on allait dépenser 6 millions seulement le transport.
Mais supposons, s’ils parviennent à trouver un bus, quand il y a le déplacement, on ne fait que payer le carburant. Peut-être qu’il y aura quelqu’un d’autre qui pourra en trouver le manger et puis ça va faciliter les choses. Mais si on laisse la ville à elle-même, les enfants ne vont pas être ce que nous voulons qu’ils soient. Parce qu’il y aura les débauches. Il faut qu’on essaie de maintenir les jeunes, surtout qui aiment faire le sport, au niveau du sport, pour qu’ils puissent bénéficier de quelque chose. C’est un peu ça.
Thierno Abdoul Barry pour guinee7.com