Basket-ball : « le championnat à l’arrêt, c’est toute une chaîne qui est à l’arrêt », Coach Souleymane Camara
La rédaction de Sports7.info est allée à la rencontre de Souleymane Camara, entraîneur national niveau 1 FIBA, également recruteur indépendant qui développe et forme les jeunes talents.
Sans détour, coach Souleymane nous donne son avis sur la situation actuelle de la gonfle orange guinéenne.
Lisez !
Le basket-ball guinéen traverse une crise sans précédent votre avis sur cette situation ?
Souleymane Camara : Nous sommes [Le Basket guinéen] dans une crise depuis plus de deux ans maintenant. Et cette crise a causé tout ce que nous savons aujourd’hui, c’est-à-dire, le manque de compétition locale surtout, c’est la déchirure de notre tissu social, la famille basket, en d’autres termes comme je l’ai dit, nous connaissons les conséquences de cette crise »
Pas de compétition locale depuis longtemps, pourquoi la fédération est restée silencieuse pendant tout ce temps ?
Souleymane Camara : En effet, ils sont chargés de nous organiser un championnat et vulgariser le basket-ball à travers tout le pays, mettre nos jeunes talents en situation de compétir parce que la compétition est indispensable au développement d’un joueur. Donc la fédération doit manquer de tout sauf de compétition, cette crise nous a causé énormément de conséquences. C’est inédit ce qui se passe en Guinée, pas de championnat depuis quasiment 3 ans maintenant »
Deux fédérations pour un seul sport. Quelle est votre réaction face à cela ?
Souleymane Camara : C’est l’une des conséquences de cette crise aujourd’hui. Localement, il y a deux fédérations même si à l’international, il n’y a qu’une seule fédération reconnue par les instances. Pour revenir à ce sujet, c’est parti du fait que les statuts et règlements régissant notre fédération n’ont pas été respectés. Toute la crise vient de là et donc, une deuxième fédération a vu jour. De ce fait, les uns et les autres se sont séparés, les joueurs et coachs divisés, donc le ministère a demandé l’arrêt total des deux championnats et toutes les activités liées au basket-ball. Mais malheureusement, la Guinée a toujours été représentée lors des compétitions internationales, cela n’a pas arrangé les choses. Moi, personnellement, je l’ai dit, pour retrouver une situation normale, il fallait tout arrêter parce que ça ne sert à rien d’être champion du monde si le championnat local est inexistant. Prenons l’équipe nationale de basket par exemple, les 90% des joueurs de la sélection ne sont pas d’ici, c’est un problème. Le sport est un puissant moyen de développement, si nous n’avons pas de championnat local ça ne sert à rien. Si les jeunes ne sont pas occupés par le sport, ils se livreront à la consommation des substances nuisibles à la santé.
Selon vous, l’Etat doit-il avoir un système éducatif lié aux sports, le basket-ball en particulier ?
Souleymane Camara : oui, effectivement, l’Etat doit avoir une vision générale sur le développement du sport en partant de la base, en travaillant avec les différentes fédérations et en dotant le pays d’infrastructures (des palais des sports, gymnases, etc.). Une université doit avoir normalement son propre gymnase et des entraîneurs pour toutes les disciplines, chaque lycée, collège ainsi de suite. Ça doit partir de là, tout en haut, une vision générale, des régions, c’est un travail de fond, mais puisque l’Etat n’y pense pas, nous nous retrouvons dans cette situation qui fait qu’il y a des crises dans toutes les fédérations, pas que le basket-ball au football par exemple avec le CONOR. Il faut que nos instances entrent dans cette vision générale, elles doivent comprendre que le sport est un moyen de développement, mais aussi un facteur d’éducation. Nous les entraîneurs, notre travail consiste à inculquer les valeurs humaines à nos enfants, pas seulement le sport. Un enfant qui grandit avec des principes, une fois dans la vie sociale, c’est plus facile pour lui de s’exprimer »
Que vous inspire la situation actuelle de Sakoba Keïta qui on rappelle, est le président reconnu par la FIBA ?
Souleymane Camara : La gestion de nos fédérations doit être une gestion transparente, il faut qu’il y ait une transparence, pas seulement au basket-ball. Et l’Etat doit élaborer un plan de suivi, ce sont eux qui subventionnent donc ils doivent avoir un regard derrière les finances. Pour le moment, nous avons besoin que l’Etat s’incruste dans les gestions, au cas contraire, ça devient une gestion personnelle. Nos fédérations sont gérées de façon malsaine.
Est-ce que mettre en place un CONOR serait une bonne idée pour une reprise du championnat local ?
Souleymane Camara : Nous sommes arrivés à un point où c’est devenu primordial, nous avions eu à nous concerter et nous avons mis en place un collectif pour dénoncer les problèmes liés au basket-ball. Il y en a marre de tout ça, nous avons tout fait pour permettre à ce qu’on puisse arriver à un dialogue. Et quand le nouveau gouvernement est arrivé, ils ont invité les deux fédérations et ils ont dit qu’il fallait une gestion collégiale, mettre un président à la tête de la nouvelle fédération et un vice-président qui vient de l’autre fédération chez Amadou. C’était ça l’objectif et nous, on s’est dit que le problème est réglé. Pour revenir à la question, oui, il faut mettre en place un comité, ça fait mal de voir le championnat à l’arrêt, c’est toute une chaîne qui est à l’arrêt parce que nous les entraîneurs, s’il n’y a pas de championnat, tu ne peux pas faire évoluer ton projet de jeu. Tout est bloqué à cause d’une guerre d’ego entre des personnes qui certes ont œuvré pour le développement de ce sport. »
Que vous inspire cette qualification du SLAC à la BAL alors que il n’y a pas de championnat depuis très longtemps ça ne serait pas voir le basket-ball guinéen très beau alors que c’est pas le cas ?
Souleymane Camara : Pour l’entraîneur et le formateur que je suis, ça n’a aucun sens. C’est ça la vérité par rapport au combat que nous nous menons, le combat pour le développement de notre basket-ball. Mais il faut revoir le système de qualification, le SLAC était là à l’édition précédente, c’est le système de qualification de la BAL qui permet où toutes les équipes doivent se battre pour L’ELITE 16, 6 équipes officiellement qualifiées et les 6 autres passent par des tours de qualification. C’est comme une ligue semi-fermée. Donc le SLAC s’est retrouvé directement qualifié pour L’ELITE 16 parce que l’équipe était en quart la saison dernière. Donc les joueurs qui étaient là auparavant se retrouvent à la maison sans possibilité de jouer pour l’équipe parce que les joueurs auraient demandé leur argent, ils ont perçu une partie et l’autre jamais.
C’est la fin de la première partie de cette interview avec Souleymane Camara entraîneur national. La suite est pour très bientôt et elle risque de faire énormément parler.
Damba Ibrahima