Interview : Elhadj Cherif Souleymane nous parle de la qualification de la Guinée aux jeux olympiques Mexico 1968 et l’obtention de son ballon d’or en 1972
Elhadj Chérif Souleymane séjourne actuellement à Kindia, sa ville natale.
Le seul et unique ballon d’or guinéen a accordé une interview à notre correspondant.
Que savez-vous de la qualification de la Guinée aux jeux olympiques de mexico 1968?
Cherif Souleymane : je connais beaucoup de choses là dedans. De toutes les façons, ceux qui disent que la Guinée a été invitée c’est archi faux. Ils ne connaissent pas l’histoire de la Guinée. Nous avons eu double confrontation avec l’Algérie pour la qualification des Jeux olympiques de Mexico. Les algériens ont déclaré au niveau du Comité olympique qu’il fait excessivement chaud à Conakry. Qu’ils ne peuvent pas jouer à Conakry sous la canicule alors qu’ils ont joué à Ouagadougou parce que c’est le Burkina qu’ils ont éliminé avant d’affronter la Guinée. Le président Ahmed Sékou Touré qui n’aimait pas la polémique a demandé aux algériens de désigner un pays de leur choix pour qu’on aille jouer les 2 matches dans ce pays. L’Algérie a choisi le Maroc, précisément la ville de Casablanca. Premier match, on a fait 2-2. Nous avons remporté le second match 3-2. C’est ce qui a qualifié la Guinée pour les jeux olympiques. Voilà la réalité. On a bel et bien fait 2 confrontations avec l’Algérie.
Vous avez gagné le ballon d’or africain en 1972. Où est-ce que la cérémonie de remise s’est déroulée ?
Chérif Souleymane : la remise du ballon d’or s’est déroulée au palais du peuple lors d’un concert. Vous savez, le président de la République faisait accompagner les grands événements par une action culturelle. C’est Pierre Zogo de France Football qui a accompagné le ballon d’or à Conakry. Partout où il passait dans les aéroports, il mettait le précieux ballon d’or dans un coffre fort. L’événement avait réuni la crème politique et sociale. Le ballon d’or m’a été remis devant le président Ahmed Sékou Touré. Le journaliste sportif feu Boubacar Kanté a grandement contribué à l’obtention du ballon d’or. Pratiquement, c’est lui qui me donnait le menu pour que je puisse être performant. On était de très bons amis.
Votre ballon d’or était jalousement gardé par le régime de Sékou Touré ?
Cherif Souleymane : il se trouvait dans la salle du Haut commandement. Tout ce que la jeunesse guinéenne avait obtenu au temps de Sékou Touré, la récompense était logée dans la salle du Haut Commandement. Et c’était une fierté pour le chef de l’Etat de présenter à ses visiteurs les trophées que la jeunesse avait gagnés. Après la chute du régime de Sékou Touré, la salle du Haut commandement a été pillée. Tous les trophées ont disparu.
La disparition de votre ballon d’or ne vous a pas affecté ?
Cherif Souleymane : non pas du tout. C’est un devoir accompli.On ne peut pas falsifier l’histoire. Le monde entier retient qu’en 1972 Cherif Souleymane a eu le ballon d’or.
Cherif Souleymane a-t-il un surnom?
Cherif Souleymane : non. Le surnom que je possède m’a été donné aux Jeux olympiques de Mexico par la presse mexicaine. Elle m’appelait El Crack. Personnellement, je n’ai pas accepté le petit nom. Je dis à tout le monde que je m’appelle Chérif Souleymane de Kindia, de la Guinée et puis c’est terminé. Mêmes les allemands ont voulu me surnommer pelé. J’ai dit non. Je ne m’appelle pas Pelé. Je m’appelle Cherif Souleymane. Et c’est ce qui est resté. Aujourd’hui, j’ai 14 homonymes à travers l’Afrique.
Merci beaucoup Elhadj
C’est à moi de vous remercier.
Interview réalisée par ibrahima sory traore