Pédocriminalité à Conakry : un entraîneur de football abuse sexuellement de trois petits garçons, dont un de 9 ans
« Le médecin qui me suit dit que je suis atteint d’une maladie qui me pousse à le faire », a confié Ibrahima Sory Fofana”, a déclaré l’accusé Ibrahima Sory Fofana pour sa défense devant le tribunal.
En détention à la maison centrale de Conakry depuis le 4 juillet dernier, Ibrahima Sory Fofana a comparu la semaine dernière, devant le tribunal criminel de Mafanco. Cet éducateur et entraîneur de football est accusé de “viol” sur un petit garçon de 9 ans. Sa victime est un de ses élèves de foot. A la barre, il a reconnu sans ambages les faits d’abus sexuel qui pèsent à son encontre. Et pour sa défense, il a argué qu’il est atteint d’une maladie qui le pousse à avoir des relations sexuelles avec des garçons. Le ministère public a requis 10 ans de prison à son encontre, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Né en 2002 à Forécariah (dans la région de Kindia), Ibrahima Sory Fofana est marié et père d’un enfant. Sa profession : éducateur et entraîneur de football pour enfants. A la barre ce mercredi, il est revenu sur le premier contact avec sa victime.
« Un jour, il (sa victime) est venu derrière ses amis. Quand ils sont venus, on était en train de jouer au Camp Boiro. Après l’entraînement, il est venu vers moi, il voulait que je le fasse partie de mon équipe. J’ai dit que je ne connaissais pas ses parents, et pour qu’il puisse intégrer mon équipe, il fallait que l’un de ses parents me donne son accord », a-t-il expliqué.
Mais le tribunal, voulant directement aller dans le vif du sujet, a demandé à l’accusé de juste expliquer ce qui s’est passé avec le petit garçon lorsqu’il s’est isolé avec lui.
« Quand vous vous êtes retrouvé seul avec lui (la victime), que s’est-il passé ? », a demandé le tribunal.
Mais là aussi, l’accusé avait du mal à trouver une réponse. Cependant, pour l’aider à comprendre les questions, le tribunal a essayé de reformuler.
« Ce qu’on vous reproche, l’avez-vous fait oui ou non », demande le juge Mamady Mansaré.
« Oui, je l’ai fait », reconnaît Ibrahima Sory Fofana.
« Est-ce qu’il (la victime) a intégré votre équipe de football », a interrogé le tribunal.
« Non, jamais », répond l’accusé.
« Pourtant vous avez dit que vous avez un enfant. Celui-là vous l’avez eu avec une fille non ? », questionne le juge.
« Oui », confirme-t-il.
Confus, le tribunal a essayé une fois de plus de comprendre.
« Alors, quand avez-vous commencé à faire ça ? C’est-à-dire avoir des relations sexuelles avec des garçons. Vous vous drogué ? », a de nouveau demandé le tribunal.
« Non je ne me drogue pas. Le médecin qui me suit dit que je suis atteint d’une maladie qui me pousse à le faire », a confié Ibrahima Sory Fofana.
« Vous dites que c’est une maladie qui fait que vous préférez les petits garçons. Alors comment s’appelle votre maladie là ? », a demandé le juge.
« Je ne sais pas, mais docteur Mara a dit que c’est une maladie », fait-il savoir.
Lors des débats, le ministère public a aussi essayé de comprendre.
« L’avez-vous fait à d’autres garçons », a demandé le procureur.
« Oui », a avoué l’accusé.
« A combien ? 2, 3, 4, 6 », a questionné le ministère public.
« Je l’ai fait avec deux autres garçons », dit-il.
« Vous dites que vous l’avez fait avec deux autres garçons. Qui sont-ils », a demandé le procureur Kanfory Ibrahima Camara.
« Ils ont déjà quitté », informe-t-il.
« Même s’ils ont déjà quitté, moi je veux savoir », précise le parquet.
« Je ne connais pas les noms, je ne connais que leurs surnoms »
« Donnez leurs surnoms alors », dit-il.
« Le premier, c’est Luka ; et le second s’appelle Lewandowski », a répondu l’accusé.
Intrigué sur les agissements de l’accusé, le ministère public a de nouveau essayé de savoir.
« Qu’est-ce qui s’est passé concrètement ? Une fois que vous étiez seul dans votre chambre avec votre victime de 9 ans, comment les choses se sont passées entre vous ? Vous l’avez forcé à enlever sa culote ? », a questionné le procureur Siba Toupou.
« Non, c’est lui qui a enlevé sa culote, moi aussi j’ai enlevé la mienne », a essayé d’expliquer Ibrahima Sory Fofana.
Cependant, clairement gêné, il n’a pas pu terminer ses explications.
« Vous dites que vous êtes malade. Donc pour soigner votre maladie, il vous faut faire souffrir les autres ? », a demandé le parquet.
« Vous n’avez pas de problème mentale non », a voulu se rassurer le ministère public.
« Non », affirme-t-il.
« Vos préférences sexuelles sont-elles uniquement orientées vers les hommes, les femmes ou tous les deux, vu que vous avez une femme et même un enfant ? », interroge encore le parquet.
Mais là aussi, aucune réponse de l’accusé.
« Vous croyez en Dieu ? », a de nouveau essayé de savoir le procureur.
« Oui », a répondu l’accusé.
« Ce que vous faites, est-ce que Dieu permet cela ? », demande le parquet.
« Non », dit-il.
De leur côté, les avocats de la défense ont eux aussi pris la parole lors du procès.
« Devant le tribunal, vous avez admis l’avoir fait à », a questionné l’un des conseils.
« Oui », a reconnu Ibrahima Sory Fofana.
« Vous avez affirmé qu’un médecin vous suit. Vous avez commencé le traitement quand ? » a demandé le conseil.
« Début juin 2023 », a répondu l’accusé.
« Vous voulez dire que c’est quand cette maladie a commencé à se manifester que vous avez commis ces actes », a de nouveau demandé le conseil.
« Oui », a-il répondu.
« Vous le regrettez oui ou non », revient une fois de plus l’avocat.
« Je le regrette », a avoué l’accusé.
« Votre attirance c’est uniquement envers les enfants ou envers les hommes, parce que c’est totalement différent ? » a commencé à questionner le second conseil.
« Vers les enfants », a confié l’accusé.
« Consciencieusement, est-ce que vous pensez que cela est bien ? », l’a de nouveau interrogé son autre avocat.
« Je sais que ce n’est pas bien, c’est pourquoi je demande pardon », dit-il.
« Vous êtes en train de demander pardon. Mais, pourquoi on devrait vous pardonner ? » a demandé le conseil.
« Parce que j’ai fait quelque chose de mal », a-t-il avoué.
Au cours des débats, le tribunal a soulevé une remarque sur la maladie dont l’accusé dit souffrir.
« Devant le juge d’instruction, vous n’avez pas arrêté de dire que vous êtes malade. Pourtant dans les dossiers, il n’y a aucun papier qui prouve que vous êtes sous traitement ou atteint d’une quelconque maladie », a souligné le juge.
Appelée à la barre pour donner sa version, la partie civile et mère de la victime dans cette affaire a informé le tribunal qu’elle se désistait dans cette procédure.
« J’ai pardonné parce qu’il a dit qu’il souffrait d’une maladie, mais sous la condition qu’il ne le répète jamais », a-t-elle déclaré.
Dans ses réquisitions, le procureur Kanfory Ibrahima Camara a demandé au tribunal de condamner Ibrahima Sory Fofana à 10 ans de réquisition criminelle.
Lors de leurs plaidoiries, les conseils de l’accusé ont plaidé coupable des accusations mises à la charge de Ibrahima Sory Fofana et ont demandé à ce que le tribunal accepte de leur faire bénéficier des circonstances atténuantes.
Finalement, le tribunal a mis le dossier en délibéré pour décision être rendue le 20 novembre prochain.
Source : Guineematin.com