Mondial 2022 : le grand favori, les outsiders, quelle nation africaine sera la surprise de la compétition ? Par Souleymane Camara

A l’occasion de la 22e édition de la Coupe du monde Qatar 2022, les caméras du monde entier sont désormais braquées sur Doha, la capitale de l’émirat arabique. À mesures que les sélections arrivent en terre qatarie et que leurs photos officielles se déversent sur la toile, l’on peut aisément sentir l’ambiance et la pression monter d’un cran un peu plus chaque jour.

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En Guinée, la question de la retransmission télévisée est quasiment actée, avec la diffusion de 28 matchs par la Radio Télévision Nationale (RTG) et l’intégralité des 64 matchs sur Supersport (en anglais) pour les abonnés Canal+. Sur le terrain, les 32 sélections peaufinent leur préparation. Quelles sont les forces en présence et quels sont mes favoris ? Petit tour d’horizon.

Brésil, le favori ultime

Comme souvent, le Brésil c’est l’équipe à (a)battre du tournoi. Avec sa colonie de stars, d’Alisson Becker à Neymar, en passant par Dani Alves, Marquinhos ou encore Vinicius, la Selecao fait figure d’épouvantail pour cette édition. Et à juste titre. Le recordman de victoires dans la compétition reste sur une série de 22 matchs sans défaites avec des victoires probantes contre l’Uruguay, le Chili ou encore le Ghana. En s’appuyant sur un groupe qu’il a su façonner à son image depuis maintenant six ans, le sélectionneur Tite a mis sur pied une véritable machine. En 52 matchs dirigés depuis 2016, l’ancien entraîneur des Corinthians n’a connu la défaite qu’à trois reprises. Pour atteindre la victoire finale, Tite devra sans doutes compter sur un Neymar retrouvé. Étincelant avec le Paris Saint-Germain (PSG), le brésilien semble ultra-motivé depuis le début de saison ; il est d’ailleurs l’auteur de 11 buts et de 9 passes décisives en 14 matchs de Ligue 1. S’il n’est pas trahi par son corps, il sera, à n’en pas douter, le danger numéro 1 pour tous les adversaires des auriverde. Qu’elle semble bien loin l’humiliante (et larmoyante) défaite 7-1 de 2014 face à l’Allemagne…

Après la Copa América, le Mondial pour l’Argentine ?

L’Argentine qui reste sur une formidable série de 35 matchs sans défaite (à 2 matchs du record détenu pour l’Italie de l’ère Mancini) est mon second favori pour aller au bout et soulever le trophée à Doha le 18 décembre prochain. L’Albiceleste, dispose d’un groupe qui s’est construit dans la douleur ces dernières années. De la défaite en finale de la Coupe de monde 2014 contre l’Allemagne, à la victoire en Copa face au Brésil en 2021, en passant par l’élimination en quarts du Mondial 2018, les argentins ont tout connu. Fort de toute cette expérience, les coéquipiers de Léonel Messi dégage une sorte de sérénité et de confiance, tel un rouleau compresseur qui écrase tout sur son passage une fois lancée. Bien qu’elle ait fini 2e des qualifications de la zone d’Amérique du Sud, derrière la Selecao, elle reste invaincue avec une moyenne impressionnante de 2,7 buts marqués par match. Quant aux individualités, elles sont présentes : les tauliers Emiliano Martinez, Otamendi, De Paul, Di Maria et Messi sont toujours présents. D’autres, plutôt irréguliers en sélection mais au talent incontestable les ont rejoint pour ce tournoi ; c’est le cas de Dybala, Alvarez, Papu Gomez ou encore la pépite Enzo Fernandez. A n’en pas douter, les matchs de l’Argentine seront spectaculaires lors de ce premier tour.

La France, tenante du titre clopin-clopant

Pas épargnée par les blessures de ses joueurs clefs depuis plusieurs mois, l’équipe de France avance en chancelant vers son premier match contre l’Australie. C’est donc sans Pogba, Kanté, Kimpembe (out toute la compétition) -et peut-être sans Varane ni Benzema- que les Bleus entameront la compétition mardi prochain.

Une situation qui ravive chez certains supporters, toute proportion gardée, le douloureux souvenir de 2002 qui avait vu les coéquipiers d’un Zidane diminué, champions du monde en titre, sortir prématurément de la compétition. Même si l’hypothèse d’une élimination au premier tour paraît peu probable selon moi, il semble néanmoins difficile d’imaginer cette équipe de France là se hisser jusqu’en finale et l’emporter. D’abord, du fait des nombreuses absences évoquées plus haut. Puis à cause du relatif déficit d’expérience et de vécu en bleu des « remplaçants » notamment dans la charnière centrale et au milieu de terrain. Disasi (0), Konaté (2) Upamecano (7), Saliba (7) cumulent à eux quatre 16 sélections seulement. C’est un peu mieux au milieu de terrain ou Tchouameni et Rabiot (14 et 29 sélections chacun) ont prématurément endossé un nouveau manteau de cadors.  Ce qui contrasterait presque avec l’expérience d’un Casemiro (65 sélections) ou d’un Rodrigo de Paul (44 sélections) par exemple.

Toutefois, avec Mbappé, Griezman, Giroud, Benzema (en pleine possession de ses capacités physiques) et dans une moindre mesure Giroud, la France dispose d’une armada offensive capable de dynamiter n’importe quelle défense (près d’une quarantaine de buts cumulés pour les 4 depuis le début de la saison en club).

Si la forme du moment de ces joueurs et le capital confiance engrangé par des résultats positifs dans leurs clubs respectifs sont plutôt salutaires, cela sera t’il suffisant pour réaliser une bonne compétition ? Rien n’est moins sûr d’autant que sur leur chemin, les français pourraient croiser la route des argentins (tiens, tiens, comme on se retrouve) et ce dès les 1/8e de finale.

Sénégal et Maroc, fers de lance du continent

En ce qui concerne les équipes africaines, ce Mondial s’est préparé dans une atmosphère assez étrange d’une sélection à l’autre. La Tunisie et le Cameroun, par exemple, se sont empêtrés dans des conflits liés à la non-sélection de quelques habitués des rassemblements. Ces choix ont suscité un certain émoi dans l’opinion sur fond de règlement de compte personnel et de jeux de pouvoir. Pour le Cameroun, à l’affaire qui oppose la Fédération Camerounaise de Football et l’équipementier Le coq sportif, il faut y ajouter une vraie crise de résultats pour l’équipe dirigée par Rigobert Song. En 8 matchs disputés sous les ordres du double champion d’Afrique, les Lions indomptables comptent 3 défaites, 2 petites victoires, pour 3 matchs nuls dont une lors de la récente confrontation contre le Panama (!). Héritant de poules plus ou moins relevées (France, Danemark, et Australie pour la Tunisie ; Brésil, Serbie et Suisse pour le Cameroun), les 1/8e de finale semblent hors de portée pour ces équipes.

A ces deux sélections pour lesquelles je ne suis guère optimiste, on pourrait rajouter le Ghana qui aura fort à faire dans le groupe H en affrontant le Portugal, l’Uruguay et la Corée du Sud. Le sélectionneur ghanéen, Otto Addo, qui a quelque peu renouvelé son groupe, doit en prime se passer des services de ses deux meilleurs gardiens, blessés. Les Blacks stars pourront néanmoins toujours compter sur l’expérience des frères Ayew et de Partey, auteur d’un excellent début de saison avec Arsenal.

Le Sénégal et le Maroc semblent quant à eux disposer de bien meilleurs atouts, à commencer par le champion d’Afrique en titre. En effet, bien que groggy depuis l’annonce de la blessure au péroné de sa superstar, Sadio Mané, les Lions de la Teranga ont une vraie carte à jouer. Oscillant tour à tour entre choc, optimisme de façade puis fatalité et résignation de fait, il aura fallu plusieurs jours pour se rendre à l’évidence : l’enfant prodigue de Bambaly ne sera pas de l’aventure qatarie. Le sélectionneur Aliou Cissé devra faire sans son talisman, un véritable coup dur.

Dès lors, quelles chances pour le champion d’Afrique de passer la phase de groupe et créer l’exploit comme les Gaindés de 2002 ? Cette année-là, après avoir scalpé les Bleus champions du monde en titre, la bande à Metsu avait, par la suite, réussi le tour de force de se qualifier pour les 1/4 de finale; ses joueurs se faisant éliminer lors des prolongations, sur un but en or d’une Turquie réaliste. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et les Lions de la Teranga d’aujourd’hui n’ont rien à envier à leurs devanciers. Eux qui restent sur une série de 4 victoires consécutives en matchs officiels (1 seule petite défaite en 17 rencontres), autant dire que tous les feux sont au vert dans la tanière. Mieux, avec des joueurs de très haut niveau à chaque ligne tels qu’Edouard Mendy, Kalidou Koulibaly, Idrissa et Pape Gueye ou encore Krepin Diatta, le Sénégal dispose d’un effectif de premier plan capable de faire jeu égal avec les meilleures nations mondiales. En positionnant Ismaela Sarr sur le flanc gauche de son attaque, 3 options se présentent au sélectionneur Aliou Cissé : Krepin Diatta, Iliman Ndiaye ou Nicolas Jackson ; les deux derniers étant en pleine bourre avec Sheffield United et Villareal.

La clé, comme pour les nations africaines en général, résidera sur l’aspect mental de leur préparation et la détermination dont les joueurs feront preuve une fois sur la pelouse. Au vu de son pedigree et de la composition de son groupe, le Sénégal a les armes nécessaires pour, à tout le moins, atteindre les 1/8e de finale.

Autre équipe africaine à compter en son sein de véritables arguments pour faire une percée dans ce tournoi : le Maroc. Avec Bounou, Aguerd, Hakimi, En-Nesyri et Ziyech, le coach Walid Regragui a à sa disposition un condensé de talents purs et d’athlètes formidables (Amrabat, quel joueur!). Les Lions de l’Atlas sont dans un groupe F composé du vice-champion du monde croate, de la Belgique et du Canada. Même s’il s’agit d’un groupe relevé sur le papier,

les marocains auront leur mot à dire s’ils parviennent à prendre des points lors des deux premières confrontations qui les opposeront respectivement aux coéquipiers du Ballon d’Or Modric puis aux partenaires du magicien belge Kevin De Bruyne.

Messi vs Ronaldo : une dernière pour la route ?

Enfin, ce Mondial 2022 sera peut-être l’occasion (ultime ?) d’assister à l’un des duels les plus épiques de l’histoire moderne de ce sport entre Léonel Messi et Cristiano Ronaldo. Ayant en commun de n’avoir jamais remporté ce trophée (même si l’argentin a participé à une finale perdue contre l’Allemagne en 2014) et des statistiques faméliques sur l’ensemble de leurs participations à cette compétition pour des joueurs de leur trempe (6 buts et 5 passes décisives pour Messi, 7 buts et 2 passes décisives pour le portugais), ils auront certainement à cœur de briller pour leur dernière danse.

De dernière danse, il en sera également question pour Muller (118 sélections) et Neuer (114 sélections) avec la Mannschaft. Au même titre que d’autres équipes telles que l’Angleterre, l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Japon ou encore le Portugal, l’Allemagne peut évidemment déjouer mes pronostics et aller  au bout mais j’y crois moins.

Retrouvez l’intégralité de mes pronos du premier tour ci-dessous.

Groupe A

 

Pays Bas

Sénégal

Groupe B

Angleterre

Pays de Galles

Groupe C

Argentine

Mexique

Groupe D

Danemark

France

Groupe E

Espagne

Japon

Groupe F

Belgique

Maroc

Groupe G

Brésil

Serbie

Groupe H

Uruguay

Portugal

Après ces pronostics, place désormais au jeu ! Quant à moi, j’aurais le plaisir de vous retrouver sur CIS TV (canal 242 sur le bouquet Canal+) dans Mondial Waati tous les jours en direct à partir de 21h.